Duo insolite

Theodora et Tobias

Depuis que trois de ses enfants étaient disparus, c'était pour Tobias, devenu une affaire personnelle. Alors, chose qu'il n'aurait habituellement jamais fait, il s'était rendu au poste de police pour trouver des informations. Il avait rempli des formulaires, répondu à des questions, et en avait posé beaucoup d'autres. Et depuis deux heures qu'il attendait dans cette salle d'attente, il le regrettait amèrement : il perdait là un temps qu'il savait précieux. Mais son impatience n'y changeait rien, il s'en était rapidement rendu compte.

Se redressant finalement quand on l'appela, il pénétra dans un bureau ordonné, trop propre, trop bien rangé pour ne pas cacher sa part d'ombre, celui qui l'occupait semblait embarrassé. Et cela tira, malgré tout, un sourire à Tobias qui, après lui avoir serrer la main s'assit négligemment dans un siège face à lui, tout sourire. Il savait pertinemment que cet homme aurait préféré le voir dans son bureau encadré de deux agent, menotté. Mais il n'en était rien. Il était là en homme libre.

La discussion fut rapide entre les deux hommes, clairement, face à cette vague de disparition à travers toute la ville, la police était débordée, submergée et elle ne savait plus où donner de la tête. Et lui, lui était un homme qui connaissait ses milieux difficiles. Une traite d'êtres humains était envisagée, le gouvernement faisait pression. Il leur fallait changer leurs méthodes, au plus vite. Et c'était donc ainsi que la police engageait un tueur à gage... Pour retrouver des innocents. A cette proposition, méfiant de nature envers les forces de l'ordre, Tobias avait eut une moue mais finalement, avec le soutient de la police, l'accès à leurs informations, à leurs effectifs aussi, il avait bien plus de chance de retrouver ces trois rejetons.

Quand la porte s'ouvrit sur l'inspectrice en charge de l'affaire que l'on avait envoyé chercher, il était affalé dans son siège, un pied levé, posé sur son genoux dans une position calme et arrogante. La chaise pivota vers la nouvelle venue et il lui sourit :

- Inspectrice. Partenaire.

Il lui offrit un sourire insolent pour ponctuer sa phrase alors que le directeur du département de la criminalité, embarrassé encore, fit signe à la nouvelle arrivée de s'asseoir pour lui faire part de la situation, qu'elle connaissait sans doute, et de son nouveau partenariat avec le truand assis à côté d'elle.

Duo insolite

Theodora et Tobias

Theodora était arrivé sur son lieu de travail comme à son habitude : habillé confortablement (mais avec sophistication), les cheveux tirés en une queue de cheval qui la laissait libre de ses mouvements, et armée de ses deux cafés latte pour parvenir à affronter sa journée. La jeune femme était entrée dans l’immeuble abritant les bureaux de la police, avait passé les barrages sans difficulté et salué ses collègues avant de pénétrer dans son bureau. Ici régnait un véritable capharnaüm. Des dossiers abandonnés, ouvert, des photos punaisés sur le tableau en liège au mur, tout ici montrait que la jeune inspectrice s’était lancée à corps perdue dans l’affaire des disparitions - allant même jusqu’à délaisser son projet d’infiltration d’une bande armée, versée dans le trafic d’arme.

Poussant un long soupire, elle s’était affalée dans son fauteuil, posant son café sur une pile d’ancien dossier. La liste des disparus était sur une liste, terriblement longue. Et elle ne cessait de s’agrandir de jour en jour. Aucune piste, hormis celle du trafic humain, n’avait encore été envisagée, mais Jenkins préférait ne pas trop s’avancer. Les victimes : toutes d’âge, d’origine et de sexe différents ne présentaient aucun point commun - si ce n’est qu’ils possédaient tous une famille à leur recherche. Un trait bien inhabituel pour ceux habitués à faire de l’être humain leur marchandise. Le plus souvent, les êtres isolés étaient privilégiés, ce qui était - elle devait l’avouer - logique. Là, il n’y avait aucune logique, juste du mystère. Et c’est en bougonnant dans sa barbe inexistante que Theodora cherchait la faille parmi les preuves.

Soudain, on frappa à sa porte, faisant sursauter l’inspectrice qui failli renverser l’intégralité de son second café sur son chemisier blanc. Elle lança un regard noir à celui qui entra.

- Pas besoin d’essayer de me surprendre Bonnet. Qu’est-ce qu’il se passe ?
- Le chef te demandes, et je crois que ça ne va pas te plaire… Il est avec Tobias Stark.

Theodora écarquilla les yeux avant de pincer les lèvres. Tobias Stark était parfaitement connu des services de police. Un truand implacable, du genre à tuer père et mère s’il s’agissait de réaliser un de ses contrats. La jeune femme avait longtemps été chargée de son affaire, et si elle avait collecté une multitude de preuve, elle n’avait jamais pu le coincer. C’était devenu une affaire presque personnelle, si bien que de le savoir là, présent entre leurs murs, la fit entrer dans une rage froide. Elle traversa donc le bureau comme une tornade, laissant les regards peser sur elle tandis qu’elle pénétrait dans le bureau de son supérieur avec fracas.

Alors le fauteuil se retourna. C’était vrai. Il était là. Un sourire arrogant pendu à ses lèvres, un sourire que Theodora voulu lui faire rapidement ravalée, mais elle se contint avec bien du mal. Elle ignora le truand, restant debout, tendue comme un arc alors qu’elle regardait son supérieur.

- C’est une plaisanterie j’espère !

Le capitaine la regarda avec un air un peu embarrassé, lui fit à nouveau signe de s’asseoir, mais elle n’obéit pas. Soupirant en constatant que c’était peine perdue, il planta son regard dans celui de la jeune femme, peinant malgré tout à ne pas vriller devant la dureté des yeux sombres.

- Monsieur Stark s’est proposé pour aider à résoudre cette affaire, ses trois enfants ont disparu et…
- Mais comment pouvez-vous savoir si c’est pas lui qui les a bouffé, ses mômes !!

Theodora avait frappé du poing sur le bureau avant de se reculer, la respiration courte. Elle ne pouvait pas faire équipe avec lui, sinon elle sentait qu'elle allait le tuer avant la fin de toute cette putain d'affaire.

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Theodora et Tobias

Elle avait serré les dents, protesté, tapé du poing mais la décision avait déjà était prise pour elle et son supérieur ne fléchi donc à aucune de ces marques de mécontentement. Il soupira en se pinçant l'arrête du nez sous le regard amusé du truand qui observait la scène avec une sorte de jubilation.

- Jenkins. J'ai dû convaincre mes supérieurs de ne pas vous retirer l'enquête après la disparition de Mailer. Ils m’exhortent de mettre en place tous les moyens nécessaires et de revoir nos méthodes habituelles qui sont là dépassées. Alors c'est simple, soit vous coopérez avec monsieur Stark ici présent, soit vous laissez l'affaire.

Lui-même n'avait pas le choix et travailler avec un homme aussi peu recommandable, d'une mauvaise influence et aussi dangereux ne lui plaisait pas. Sauf que le laisser mener sa propre enquête, il le savait, laisserait derrière lui un flot de sang et des centaines de cadavres. Alors autant qu'il mette toute cette énergie à aider le gouvernement pour une fois.

Tobias ne disait rien, plus habitué à ce qu'on le compare à un barbe bleue des temps moderne qu'à l'ogre du Petit-Poucet, il avait eut une moue. Ses huit enfants étaient clairement ce qu'il avait de plus précieux sur cette Terre et ceux qui oseraient même les effleurer le paierait de leur vie. Alors qu'on puisse même l'accuser de leur avoir fait du mal... A ce père posait, aimant, avec sa progéniture heureuse, sur son fond d'écran n'était pas pour lui plaire. Puis il n'était pas tourné vers le cannibalisme. Il préférait les crimes froids, discrets et propres. Manquant de subtilité et d'imagination souvent.

Il se redressa de sa chaise et regarda la jeune femme qu'il dépassait d'une bonne tête, son visage insolemment avenant tourné vers elle :

- On commence quand ?

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Theodora et Tobias

Les ongles enfoncés dans la peau tendre de sa main, Theodora ne décolérait pas. Son chef l’avait humiliée devant le mafieux canadien, la mettant devant son propre échec. Et la disparition de son coéquipier n’avait fait qu’empirer les choses. Désormais émotionnellement impliquée dans cette affaire, elle avait pourtant décidé de la mener à son terme, se fichant bien des ordres de ses supérieurs. Elle avait interrogé tous les témoins possibles, et suivis les éventuelles pistes. Sans succès. Cependant, cette nouvelle méthode d’association avec des malfaiteurs ne lui plaisait pas, elle qui pourtant avait grandi dans un milieu particulièrement violent.

Alors, elle inclina la tête en signe d’approbation. Theodora n’avait pas le choix. Si elle ne voulait pas être mise sur la touche, il lui fallait accepter ce curieux arrangement. Et l’imbécile sanguinaire qui allait avec.

Lorsque Stark se redressa, la dominant de toute sa hauteur, l’inspectrice planta ses mains sur ses hanches, lui lança un regard noir alors qu’il arborait le visage le plus insolent de la terre. Elle aurait aimé le gifler, mais ils étaient désormais collègue de contrainte. Alors elle jeta :

- Suivez-moi

Puis elle se détourna, ne prenant pas la peine de voir si elle était bel et bien suivie. Elle le guida jusque dans son bureau encombré, essayant de faire un peu de place dans ses dossiers pour lui montrer quelques preuves importantes. Le reste, elle se refusait à le faire. Il n’était pas de la police, il n’avait pas à mettre son gros nez dans ses affaires. Elle planqua rapidement une photo de ses frères dans un tiroir avant de sortir son arme de service pour l’accrocher à sa ceinture, le regardant avec hostilité.

- Que je mette immédiatement les choses au clair. Nous sommes peut-être “associés” pour le moment, mais cela ne durera pas. Vous m’appelez Jenkins, je vous appelle Stark. Vous ne me donnez pas d’ordre, et je ne vous en donnerai pas en retour. Et si vous faites seulement le moindre geste pour me descendre, je vous tue. Est-ce que c’est clair ?

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Theodora et Tobias

Quand elle s'était résigné et lui avait enjoint de la suivre, il n'avait pas perdu de temps à bavarder plus longtemps et après un clin d'oeil pour le chef de la crim' il avait quitté le bureau, lui emboitant le pas jusqu'à son bureau. Habitué à prêter attention au détails, il pu remarquer qu'elle cacha rapidement plusieurs choses avant de lui fait tout un sermon, après avoir consciencieusement mis sa main sur son arme de service. Il planta alors son regard dans le sien :

- Vous me connaissez Jenkins. Faut pas me menacer. Mais cela me va. J'ajouterais seulement que ni vous ni moi ne devons nous cacher de preuve.

Il se tourna vers le tableau de liège alors, suivant du regard les différentes pistes, les différents liens. Il devait trouver ce salopard, ce fils de chienne. Et il lui ferait payer. Cette flic pensait qu'il en avait après elle, mais tant qu'elle ne se mettait pas sur sa route, tout irait bien.

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Theodora et Tobias

S'asseyant à moitié sur son bureau, à quelques pas de là où se trouvait planté le mafieux, Theodora observait pour la énième fois le tableau qu'elle avait constitué pour essayer d'établir un lien entre les victimes. Elle avait retracé leur itinéraire, photographié les lieux de disparition. Mais rien ne semblait les rattacher l'un à l'autre. C'était un labyrinthe sans fin, sans fondement, et sans début. Cela la rendait folle de ne pas pouvoir prouver par A + B, mais c'était également les aléas du métier. Et maintenant, il s'en était pris à des gosses... Elle soupira, passa une main dans ses cheveux noirs.

- Vos gamins, quand est-ce qu'ils ont disparu ? Où ? Et comment ? Il faudrait que je puisse inspecter les lieux.

La question était importante, sérieuse. Elle savait pourquoi il faisait cela : pour se venger. Elle avait rapidement cerné le personnage après quelques mois d'investigations, et espérait qu'il ne se mettrait en travers le chemin de la justice. Sinon, elle devrait se prendre une autre balle pour l'en empêcher - ou frapper avant.

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Theodora et Tobias

Tobias observait les différents lieux sur la carte, opina quand elle lui demanda ce qui était arrivé. Il pinça les lèvres, souvent dans son travail, moins on en savait sur sa famille et mieux c'était pour eux, pour leur sécurité. Il soupira finalement en expliquant calmement :

- Ils étaient sur le chemin du collège, c'était après que mon aînée les ait laissé pour partir de son côté au lycée. Elle n'a rien remarqué sur le trajet... Vous voulez que je trace ça sur votre carte où vous en avez une autre pour faire moins bazar ?

C'était un homme méthodique, et il avait visiblement déjà mené sa petite enquête même si il n'avait rien trouvé de plus que la police jusqu'ici.

- Si c'était une menace, une vengeance ou quoi, ça aurait été revendiqué... Et entre votre coéquipier et mes enfants, je vois aucun lien. Vous en êtes à combien de disparu ? Toute la plèbe est aux abois...

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Theodora et Tobias

Griffonnant rapidement tout cela sur une feuille, l’inspectrice se demanda comment ce type qui devait avoir moins de 40 ans s’était débrouillé pour pondre autant de gamins en si peu de temps. Puis, elle s’approcha du tableau, cherchant, puis trouvant le collège avec aisance. Elle traça alors un trait, plutôt informée sur le logement de Stark qu’elle observait depuis plusieurs années maintenant.

- Ce n’est pas du bazar. C’est de la réflexion stimulée.

Theodora se massa discrètement la tempe. Elle n’avait jamais été particulièrement ordonnée, et cela se voyait dans le capharnaüm ambiant de son bureau. La carte était peuplé de points rouges, de lignes, de traces. Rien qui ne se ressemblait. C’était limite affolant. Elle soupira.

- Aucun lien, entre aucune des victimes. 13 au total, en comptant vos trois enfants et mon coéquipier. Rien ne se ressemble, rien ne s’assemble. C’est un puzzle auquel il nous manque une dizaine de pièce.

Elle chercha son second café de la main, en prit une gorgée avant de froncer les sourcils. Il n’y avait que des incohérences. Et si c’était exactement ce que l’on voulait ? Tromper la police, la mener sur de fausses pistes alors que la vraie victime était au milieu des autres ?

- On devrait sortir, retourner sur les lieux des enlèvements. Et j’ai besoin d’un café chaud.

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Theodora et Tobias

Tobias l'avait laissé prendre des notes sur ses dire puis venir ajouter l'itinéraire de ses enfants sur la carte à laquelle il devenait de plus en plus difficile de lire quoi que ce soit. Ce qui l'amusait, elle finirait par s'y perdre elle-même à force. Ah ses flics de la vieille école, si il savait combien les nouvelles technologies pouvaient s'avérer un outil utile.

Quand elle déclara qu'ils partaient, en passant chercher un café, il avait souri :

- Comptez pas sur moi pour vous l'offrir Jenkins.

Il l'avait pourtant suivit dans le commissariat, montant bientôt dans la voiture de service de la jeune femme, à l'avant, jubilant de ce revirement de situation en bouclant sa ceinture jusqu'à un café du centre ville où il la laissa aller seul, sa flasque lui suffisait amplement.

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Theodora et Tobias

L’inspectrice avait ramassé sa veste en cuir, la glissant sur ses épaules. L’été était presque là, et le temps relativement doux comparé aux hivers qu’ils devaient parfois endurer. Elle retint difficilement un sourire, haussant les épaules en prenant ses clés et son sac en bandoulière.

- Je ne compterais jamais sur vous, Stark.

Et elle se glissa bientôt dans le couloir, montant bientôt au volant de sa belle voiture de service – argent du contribuable, si bien employé. Le moteur ronronna sous son pied alors qu’elle démarrait au quart de tour, conductrice médiocre mais amoureuse de la vitesse. Elle se gara bientôt en double-file pour aller cherche son café, ne demandant pas à son comparse si il souhaitait en avoir un.
Theodora revint bientôt s’installer dans la voiture, prenant une bonne gorgée de son latte crème, avant de démarrer en direction de la rue où Mailer avait été vu pour la dernière fois.

- Bon. Nous y voilà.

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Theodora et Tobias

Tobias avait regardé la ville défilé devant ses yeux, le front posé négligemment contre la vitre de la portière. Il avait été passager de pire conducteur et quelque part il avait lui-même une conduite assez sportive. Quoi qu'un voiture qu'y s'y prêtait mieux que celle de l'inspectrice.

Quand elle s'arrêta cette fois-ci au niveau d'une rue, il posa pied à terre, observant les lieux, passants, intrigué, la regardant par dessus le véhicule :

- On y est, c'est bien. Mais on est où exactement ?

Il referma les portière calmement, une moue aux lèvres, celui qui arrivait à kidnapper quelqu'un ici était doué, trop de monde, trop de curieux... Mais elle devait sans doute procéder par ordre, après tout, ils trouveraient peut-être là un schéma ? A moins qu'elle n'ait une idée plus précise en tête. Une chose était sur, ils étaient loin du collège de ses enfants.

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Theodora et Tobias

La rue était calme, malgré cette fin de matinée. Et lorsque la jeune femme sortit de sa voiture, son café à la main, elle balaya l’emplacement d’un œil expert. Elle était venue ici des dizaines de fois, persuadée de manquer à chaque fois quelque chose. Et puis, un jour, elle l’avait trouvé. Un garage à quelques pas de là, fermé à clé. Verrouillé. Elle avait tenté de l’ouvrir, à de nombreuses reprises, même si pour cela il lui fallait un mandat… en vain.
Elle fit une moue en entendant son « comparse », lui jetant un long regard avant de jeter :

- Sur notre meilleure piste.

Elle ferma la portière, verrouilla le véhicule, avant de s’avancer vers la porte de garage adjacente à une ruelle étroite, jonchée de détritus.

- C’est ici que Mailer, mon coéquipier a été vu pour la dernière fois. Et ce garage constitue un possible début de piste… Pourquoi ce gars, ou cette femme, ce serait attaquée à un flic ? C’est dangereux, personnel… Peut-être avait-il découvert quelque chose. Quelque chose qu’il ne devait pas voir. Peut-être que c’est là-dedans, et j’ai besoin de vous pour l’ouvrir.

Au-delà des lois. Si elle n’avait pas porté l’uniforme, peut-être aurait-elle tenté de le forcer. Mais elle n’en avait rien fait. Elle ne voulait pas se salir les mains, elle n’était pas encore assez désespérer, ou assez folle, pour ça.

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Theodora et Tobias

Tobias l'avait suivit dans la rue, silencieux et finalement surpris de voir l'ombre apparaître sous les airs de sainte nitouche de flic. Dans un sourire provoquant, il s'approcha d'elle, la surplombant de toute sa hauteur en plongeant son regard glacial dans le sien :

- Tu m'as pris pour ton chien à faire la sale besogne pour toi ?

Il regarda la porte de garage avant de la regarder :

- C'est pas parce que ton copain a été vu ici pour la dernière fois qu'il a disparut ici. Ca ressemble à de la spéculation et je sais que c'est là votre spécialité enquêtrice... Mais surtout, qu'est-ce qu'y vous empêcherez de me coffrer après ? Vous me prenez pour un pigeon ?

Il la jaugeait de son regard imperturbable, cherchant à démêler la vérité. Une part de lui n'avait aucun envie de perdre du temps à tergivercer, une piste, même bancale restait une piste mais du fond d'une cellule il n'aurait rien pu faire pour ses enfants. Il le savait aussi.

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Theodora et Tobias

Theodora n'avait pas esquissé un mouvement, se refusant à lui faire ce plaisir. Elle en avait côtoyé des plus durs que lui dans sa jeunesse, et si ce papa sadique comptait lui faire peur, ou l'impressionner, il allait devoir faire quelques efforts supplémentaires. La jeune femme resta donc plantée devant lui, les mains sur les hanches, bien décidée à ne pas lui laisser un pas de supériorité dans l'étrange duo qu'ils formaient. Ses yeux sombres entrèrent rapidement en conflit avec les pupilles glacées, avant qu'elle ne lâche :  

-Vas te faire foutre Stark. J'ai besoin d'ouvrir ce garage, c'est notre seule putain de piste ! Et t'es prêt à gâcher ça parce-que t'as la trouille de te retrouver en taule ? Crois-moi, ça m'amusera de te passer les menottes, quand le temps sera venu..  

Oui. Quand le temps serait venu. Jenkins, pourtant, n'était pas un nom inconnu de la mafia locale. C'était au contraire un patronyme assez connu. Mais comment aurait-il pu deviner qu'il s'agissait des frères d'une enquêtrice de la police ?  

- Si t'as pas les couilles pour le faire, donnes-moi ton matos. Je me débrouillerai.  

Des combines, voilà la seule chose que ses aînés lui avait apprit. Et elle comptait bien les mettre à profit.  

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Theodora et Tobias

Tobias l'avait écouté en la scrutant, déchiffrant les mots qu'elle prononçait comme ceux qu'elle garder pour elle. Enfin si elle en gardait vu son franc parlé en sa présence. Ce qui convenait parfaitement au tueur à gage qui pinça donc les lèvres :

- On va opter pour une autre méthode que le marteau alors. Après tout... La discrétion, c'est mon domaine, visiblement plus que le tien Jenkins.

Il se détourne donc vers le garage et se penche vers le loquet qui le maintient. Quelques seconde plus tard il se redresse, soulevant le rideau métallique à bout de bras, venant rapidement le bloquer comme si il en était le propriétaire. La meilleure discrétion était de paraître naturels. Il regarde alors le garage, le scrute d'un regard attentif, horizontale.

- Et maintenant patronne ?