La famille, ça sert à ça

Theodora et Kitty

Il était tard, très tard quand le téléphone sonna dans l'appartement de l'inspectrice Theodora Jenkins. La stridente mélodie, discordante symphonie, tira sans aucun doute la jeune femme de son lit.

Le réveil posé sur sa table de chevet indiquait 3:08 alors qu'elle prenait en main le combiné. Une chose était alors certaine, il n'y avait qu'une situation désespérée pour la réveiller à une heure aussi indue.

- Inspectrice Jenkins ?

La voix était calme, loin d'être un message menaçant comme on pourrait alors l'imaginer et la raison de ce calme professionnel s'expliqua rapidement.

- Brigadier Thomas Owell, pardonnez-moi ce dérangement mais nous avons été appelé pour intervenir au Gassy Jack College de Downtown Eastside. Le concierge avait remarqué une activité inhabituelle. Et en réalité, cette activité, c'est seulement votre fille qui y a élu domicile pour la nuit... Ce serait aimable de venir la récupérer. Aucune charge n'a été retenue contre elle par l'établissement comme elle n'a rien dégradé, rassurez-vous. Et elle va bien. Je vous la passe.

Avant même que l'inspectrice n'ait eu le temps de rétorquer quoi que ce soit, la voix de l'autre côté de l'appareil devint féminine, la voix d'une jeune fille.

- Allo Maman ? Désolée qu'on te réveille pour ça, je leur ai dis que je pouvais rentrer seule mais ils ont insisté, dit-elle avant de baisser le ton - on pouvait la deviner s'éloigner des deux policiers -, c'est Kitty... Ta nièce... Je sais qu'on s'est plus vu depuis des années... Mais j'ai vraiment besoin de toi là... S'il te plait...

A présent on pouvait deviner une panique sourde naître au fond de la gorge de l'adolescente qui réprima ses larmes alors que sa voix faible s'étouffait d'elle-même, laissant pour la première fois de la conversation le temps à Theodora de placer un mot.

Kitty était la fille aînée du frère aîné de la jeune femme, et pour être plus exact, la dernière fois qu'elle l'avait vu, elle devait avoir sept ans. Et onze ans s'étaient depuis écoulés... Cela devait donc lui faire dix-huit ans, à quelques mois près. Le visage de cette poupée brune aux yeux bleus ne pu que s'imposer à la mémoire de l'inspectrice.

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Theodora et Kitty

Après sa journée affreuse au côté de Tobias Stark, Theodora avait accueilli la chaleur de son foyer, et la douceur de ses draps avec soulagement. Le temps de prendre une douche rapide, elle s'était jetée sur le lit où elle avait sombré dans un sommeil quasi immédiat. La jeune femme s'était toujours endormie ainsi, d'un sommeil lourd à faire peur mais qui lui permettait de récupérer après une longue et difficile journée de travail. Elle ne se doutait pas que cette nuit-là serait tout aussi pénible que son labeur journalier.

Le tintement du téléphone fixe l'éveilla lentement. Les yeux hagards, ses cheveux noirs emmêlés, elle tâtonna sur sa table basse avant de décrocher le combiné d'une voix ensommeillée, plus rauque que d'ordinaire. Pas une seule fois, dans son demi-sommeil, elle ne se demanda pourquoi on la contactait à cette heure. Ce n'était pas la première fois que cela arrivait, mais elle ne s'attendait sans doute pas à une affaire d'ordre familiale.

"Oui, allo ?"

C'est alors qu'un flot de parole s'abattit sur elle, qu'elle encaissa avec autant de grâce que son état lui permettait. Sa quoi ? Depuis quand ? Elle posa une main sur son ventre avant de secouer la tête, ce n'était pas possible – sa dernière relation remontait à bien trop longtemps... mais lorsqu'elle entendit la voix d'une jeune femme dans le téléphone, elle comprit. Kitty. Bon sang, mais que faisait-elle avec les flics, et à quel moment avait-elle pu avoir l'idée de la citer comme sa mère ?! Elle pinça les lèvres en se redressant : chez les Jenkins, la famille c'était la famille. Hors de question de la laisser moisir dans un commissariat.

"Bon sang Kitty. Ta mère ?! Tu ne pouvais pas appeler quelqu'un d'autre ? Tu as un père et une vraie mère à ce que je sache. Mais j'arrive, je serai là dans une dizaine de minutes, et tu as intérêt à me donner une explication" lâcha-t-elle d'une voix étouffée en cherchant un jogging d'une main pour tenter de l'enfiler. Elle raccrocha bientôt, passant un débardeur noir avant de réunir ses cheveux en une simple queue de cheval et de sortir de son appartement pour s'engouffrer dans la voiture. Elle ne ressemblait pas à grand-chose de son point de vue, mais qu'importait. Elle voulait juste régler cette affaire au plus vite avant de rentrer, et dormir.


Une dizaine de minutes plus tard, les pneus de la voiture crissèrent sur le parking du Gassy College. Theodora coupa bientôt le moteur, sortant de sa voiture souplement avant de rejoindre d'un bon pas le bâtiment où trônait une voiture de police. La jeune femme se pencha à la fenêtre, frappant deux coups secs contre la vitre.

"Inspecteur Jenkins. Où est-elle ?"

Son embarras fut grand lorsqu'elle vit un joli garçon de son âge environ ouvrir la vitre de la voiture. "Putain", se dit-elle "ça ne pouvait pas être un autre jour ?".

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Theodora et Kitty

Entendre la voix froide de sa tante après tant d'années avaient fait une drôle de sensation à la jeune fille qui n'avait rien ajouté, opinant en silence avant de raccrocher, rendant bientôt le téléphone portable au policier. Mais elle avait toutes les raisons de la contacter elle plutôt que quelqu'un d'autre ce soir. Comme elle avait toutes les raisons de rester dans son école plutôt que de rentrer chez elle. Elle avait toutefois essuyé les sermons de son chef d'établissement et du concierge sans broncher, se contentant d'opiner et de baisser le menton. Elle savait y faire et elle s'en tira sans même une retenue. Être une bonne élève doublé d'un bon élément d'ordinaire rendait ce genre de services, surtout dans un établissement habitué au vandalisme. Alors que tout ce qu'elle avait fait c'était prendre une douche dans les vestiaires et s'allonger dans un lit de l'infirmerie. Ce qui l'avait trahi ? La lampe torche de son téléphone.

On l'avait finalement laissé réfléchir à ses actes en attendant sa "mère". La jeune fille ignorait que cette dernière arrivait et se retrouvait face à un agent bien embarrassé de découvrir une jolie femme en bataille. Quand il comprit devant qui il se trouvait, il ouvrit aussitôt la portière. Une fraction de seconde, il se demanda si elle n'était pas un peu jeune pour avoir une fille de l'âge de cette fille qu'il avait laissé entre des mains plus pédagogues que les siennes... Mais il lui sourit sans rien montrer de ce trouble, ni de celui qu'elle éveillait en lui, ainsi présentée. Les cheveux encore humides, la mine soucieuse. Il indiqua la porte de l'établissement scolaire avant de la guider jusque dans le hall où se tenait Kitty, assise sur une chaise.

La jeune fille se redressa et fixa sa tante longuement, elle n'avait pas changée. Ni une ride ni un morceau de gras, une silhouette svelte qu'elle lui envia immédiatement. Elle détourna pourtant aussitôt le regard. S'avançant sans trop savoir comment se comporter, donner son numéro comme étant celui de sa mère n'avait pas été très compliqué. Mais tenir son mensonge en cet instant était plus difficile. Elle risqua :

- Bonsoir... ?

Elle regarda en direction de l'agent qui visiblement n'avait d'yeux que pour sa prétendue mère, pinça les lèvres en demandant d'une voix un peu plus assurée :

- Il y a quelque chose à signer ?

Elle voulait partir d'ici, expliquer ce qu'il en était véritablement à sa tante. Elle savait qu'elle la croirait. Elle l'espérait.

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Theodora et Kitty

Theodora avait glissé une mèche de cheveux derrière son oreille tout en marchant d'un bon pas à bonne distance de l'officier de police. Elle essayait de s'arranger un peu, discrètement, tandis que sa nièce devait être à quelques pas de là. Comme cette journée pouvait être étrange. Elle devait collaborer avec un truand, puis faire face à un membre de sa famille dont elle n'avait plus de nouvelles depuis des années. Oh, cela ne l'empêchait pas d'envoyer chaque année un petit cadeau à sa nièce - dont elle savait le goût pour les études - mais cela se limitait à ce simple contact matériel. La brune enjamba donc quelques marches en direction du hall, balayant la pièce avant de voir sa nièce, assise sur une chaise dans un certain état d'abattement.

Cela lui fit un choc de constater que la petite fille de sept ans était devenue une bien belle jeune femme. Cependant, elle tenta de dissimuler cette émotion sous un masque d'inquiétude fort bien inspiré de la plupart de ses anciennes enquêtes. Elle s'approcha donc de sa nièce, posa doucement sa main sur l'épaule de la jeune fille.

"Tu vas bien ?"

Elle s'inquiétait réellement pour elle, ne comprenant pas pourquoi elle n'avait pas fait appel à son père, à sa mère ou à l'un de ses oncles pour la secourir. Oh, certes, il était plus sécurisant que ce soit un autre flic qui aille aborder les forces de l'ordre, mais de là à recontacter une tante dont elle n'avait plus connaissance... Theodora posa une main protectrice dans son dos, calme, ne remarquant pas le regard du jeune officier sur elle alors qu'elle contemplait sa nièce.

"Je pense que le brigadier peut faire l'impasse sur la paperasse pour ce soir. Et il est tard, nous ferions mieux de rentrer au chaud."

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Theodora et Kitty

Il avait suffit que Theodora suggère que la paperasse pouvait attendre pour que le brigadier s'incline à son désir. Kitty en fut admirative. Elle n'avait jamais était maigre, elle avait des rondeurs, des formes, et elle en était particulièrement complexée en réalité même si elle n'en disait jamais rien. S'accepter est souvent difficile quand on ne rentre pas dans la norme. Elle suivit sa tante sans qu'on ne les retienne davantage et monta bientôt dans la voiture, à la place passager, fouillant dans sa poche pour en tirer un morceau de papier qu'elle lui tendit, la main légèrement tremblante. Elle avait trouvé le billet dans son casier. La menace inscrite y était claire, on s'était pourtant contenté d'y dessiner un cercle plein rouge.

La marque rouge était un mode de menace assez habituel dans la mafia. Un moyen de pression ayant pour but de faire taire, de faire chanter, de faire disparaître sans avoir à tuer. Kitty le connaissait parfaitement, les Jenkins y avaient souvent eu recours. Mais étrangement, sous le rond avait été tapé à la machine à écrire :

" Quand la quinzième sonnera, se sera toi. "

Comme Kitty finissait à quinze heures, elle avait pensé que le billet parlait de la quinzième heure de la journée... Elle ignorait tout de l'affaire suivie par sa tante et donc que le nombre de disparus s'élevait à quatorze actuellement. Tout ce qu'elle savait c'était qu'on la menaçait. Et à 15h00, quand la sonnerie avait retenti, elle n'avait donc pas osé franchir la porte de l'établissement, terrifiée.

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Theodora et Kitty

D'un sourire léger, la jeune femme avait remercié le brigadier avant de s'éloigner avec sa nièce en direction du parking où était installée sa voiture. Elle ignorait encore quoi faire : ne voulant pas entrer en contact avec le reste de sa famille, elle décida de la ramener au lycée le lendemain où elle pourrait retourner chez ses parents et chacune reprendre le cours de leurs vies. La jeune femme se glissa bientôt au volant, mettant le contact en attendant que Kitty s'installe à son tour. Elle jeta un dernier coup d'œil par la fenêtre avant de démarrer en trombe, prenant la direction de son appartement. Elles y resteraient pour la nuit, puis se sépareraient le lendemain.

Theodora hésitait, jetant quelques coups d'œil à sa nièce sans rien oser lui dire. Comment parler à quelqu'un que l'on n'avait pas vu depuis 11 années ? Elle soupira lorsque soudain Kitty sortit un papier de son sac. Un papier qui signifiait tout. Beaucoup trop.

"Putain de me... pardon."

Elle se mordit la langue, prenant le mot en l'observant d'un œil attentif – tout en gardant l'autre sur la route, heureusement quasiment vide à cette heure. Sa nièce, sa propre nèce, était menacée par ce kidnappeur en série... Elle ne pouvait pas laisser faire ça. Pire. Elle devait en parler avec son "coéquipier".

"Est-ce que tu en as parlé à quelqu'un ? Ton père ? Tes oncles ?"

La marque rouge était commune dans leur milieu. Un élément central dans les règlements de comptes... Et cela faisait beaucoup de personnages de son entourage qui commençaient à disparaitre.

"Tu peux sortir mon téléphone s'il-te-plaît ? Je dois appeler quelqu'un. Et vite."

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Theodora et Kitty

Une chose était sûre, même si Theodora était venue aussitôt qu'elle avait eu besoin d'elle ce soir, elle n'avait pas imaginé que la menace mettrait sa tante dans cet état. Après tout, pour elle, elle n'était qu'une étrangère. Quand elle lui demanda si elle en avait parlé à son père, à ses oncles, elle se mordit la langue :

- Que celui qui ose me menacer se planque si ils sont au courant. Ils le découperaient en rondelles en commençant par les orteils...

Kitty n'était pas violente, elle détestait ce penchant de sa famille, comme Theodora avant elle. Étrangement, bien qu'elle l'ignore, cette tante, sa marraine, avait été une source d'inspiration pour elle, un modèle à suivre. Même si elle ne se voyait pas capable de couper les ponts avec les siens comme Theodora en son temps. Mais surtout, il y avait une autre raison, ce pouvait tout à fait être un membre de sa famille. Elle ne pouvait pas leur faire confiance, pas sur ce coup là.

Elle se pencha pour attraper le téléphone portable dans le sac de sa tante et le lui tendit sans comprendre, elle l'aurait sans doute supplié de ne rien faire pourtant si elle savait qui elle s'apprêtait à appeler.

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Theodora et Kitty

L'inspectrice fut ravie d'entendre que sa nièce avait un peu de bon sens. Et elle n'avait cessé de le démontrer en évitant de sortir de l'école après avoir reçu cette menace évidente. Elle inspira profondément alors, maîtrisant sa conduite alors qu'elle progressait en direction de son appartement. Elle se gara bientôt dans le garage avant de prendre le téléphone que lui tendait Kitty. Elle lui fit signe de sortir, attrapant son sac pour en sortir les clés de son appartement. Coinçant le téléphone sous son menton après avoir composé le numéro, elle attendit quelques secondes avant que cela ne décroche.

"Stark. J'ai besoin de vous. Maintenant."

Si elle avait pensé dire ça un jour, elle se serait sans doute tranchée la langue avant d'avoir eu l'audace de le dire. Pourtant, elle avait réellement besoin de ce type, de ses connaissances mafieuses, et de ses conseils pour assurer la protection de sa nièce. Malgré tout, la prudence était de mise. Et oui : elle le découperait elle-même s'il venait à vendre son sang et sa chair pour assurer son avenir de truand.

"Rendez-vous chez moi, je vous donne l'adresse."

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Theodora et Kitty

Kitty dscendit de la voiture en silence, observant les lieux. Une part d'elle voulait en cela apprendre à mieux connaître cette tante inconnue, rattraper ainsi onze années de diners de famille et de conseils féminins. Elle fronça un sourcil en entendant un nom, se figea en la regardant :

- Stark ?

Qu'est-ce que cela signifiait ? Elle parlait bien de Tobias Stark ? Elle blêmit à vu d'oeil. Avait-elle eu raison de lui faire confiance ? De lui avoir confié sa vie ?
Elle la fixait désormais en essayant de comprendre. Était-ce pour faire payer son père ? Était-ce pour se prouver qu'elle n'était pas des leurs ? Elle jeta un regard paniqué autour d'elle à la recherche d'un objet pour se défendre, n'importe quoi.

- Pourquoi est-ce que tu as besoin de lui ?

Elle sentit sa gorge se nouer et sa vue se troubla alors qu'elle peinait à ravaler ses larmes. Kitty avait adopté une posture défensive et une garde martiale prête à défendre sa vie bec et ongles, une vraie Jenkins malgré tout ses idéaux.

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Theodora et Kitty

Theodora avait négligé une chose dans son plan : la réaction de sa nièce qui n'avait plus rien d'une enfant. Elle la vit se tendre dans une posture défensive, le souffle court. La garde était un peu basse, il faudrait rectifier ça. Pourtant, l'inspectrice raccrocha vivement, rangeant le téléphone avant de se tourner doucement vers sa nièce.

"Kitty, calmes-toi."

La voix était douce – pourtant elle était prête à maîtriser sa nièce si elle tentait de fuir. Sa sécurité en dépendait après tout, elle finirait par le comprendre. Néanmoins, elle devait avoir le minimum d'explication sur pourquoi elle accueillait ce type chez elle – chose qu'elle n'aurait sans doute pas fait hier. Ni jamais.

"J'enquête sur une affaire d'enlèvement, on piétine. On m'a obligé à faire alliance avec ce connard. Et je dois dire qu'il est sans doute bien placé pour savoir d'où vient ce message, et ce qu'on pourrait en faire. C'est sans doute lier."

Elle lui tendit une main douce, la regardant avec sérieux.

"Tu dois me faire confiance. Et ne t'inquiète pas tant. S'il ose te toucher, ou te regarde d'une manière déplaisante, je l'émascule. La famille, c'est la famille."

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Theodora et Kitty

Kitty la regarda longuement avant de se détendre légèrement, elle resta pourtant à distance, la journée avait été éprouvante et malgré cette phrase, elle n'était pas parvenu à se convaincre de l'innocence de son propre père... Alors d'une tante qu'elle ne connaissait pas vraiment... Elle se mordit la langue, pinça les lèvres en opinant pourtant, elle la croyait.

Elle pinça les lèvres en détournant le regard, se mordit la langue en s'avançant finalement pour prendre la main qu'elle lui tendait. Elle sentait son coeur battre violemment dans sa poitrine, elle était à bout de forces, à bout de nerfs.

Kitty suivit donc sa tante dans les escaliers, sa vigilance baissant progressivement à mesure qu'elles montaient ensemble les marches menant à l'appartement. Sa tante aurait û la conduire à l'abattoir qu'elle n'aurait pas même protesté - chose rare pour l'adolescente qui trouvait à se soulever contre tout et n'importe quoi. Elle laissa tomber son sac de son épaule à l'entrée, soupira lentement sans oser rien dire, allant s'asseoir dans le canapé, tendue comme un arc mais exténuée.

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Theodora et Kitty

Theodora sourit alors avec sincérité, serrant doucement la main de sa nièce dans la sienne avant de la guider dans les escaliers. Elle n'était qu'une enfant. Une enfant qui avait vécu dans un monde de violence depuis sa naissance, et qui désormais se faisait menacer par un illustre inconnu. La trentenaire se promit de ne rien lui laisser arriver, au péril de sa vie. Sa nièce avait bien des choses à vivre. Et elle espérait que tant qu'elles resteraient ensemble cela conviendrait.

L'inspectrice ouvrit bientôt la porte de l'appartement, jeta les clés sur une table dans l'entrée. C'était le foutoir, évidemment, et elle s'excusa en ramassant rapidement le linge qui traînait dans tous les coins. Si Tobias Stark devait se pointer, elle ne voulait pas que ses affaires soient sujet à moquerie. Elle laissa donc sa nièce vivre sa vie, avant de revenir avec un grand verre de soda dans le salon, s'installant à côté d'elle.

"Tiens. Tu veux que je boive dedans avant, pour t'assurer que je ne t'empoisonnes pas ?"

Elle esquissa un sourire amusé tandis qu'elle se débarrassait nonchalamment de ses baskets, les jetant dans un coin du salon où traînait quelques vieilles photos, des livres, et une télévision pas souvent allumée.

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Theodora et Kitty

Kitty la regarda, sourit doucement à sa remarque cynique, voilà un mode de communication que l'adolescente connaissait parfaitement bien.

- Merci, c'est bon...

Elle prit une grande gorgée avant de siroter plus calmement le soda, elle avait besoin de sucre, cela lui fit rapidement le plus grand bien. Elle avait déjà détaillé l'appartement, se moquant du désordre ambiant, ne se permettant certainement pas de juger sa tante sur ça. Elle demanda finalement :

- Faut que je t'appelle comment ?

Enfant, c'était "Marraine" à tout va, mais elle n'avait plus sept ans... Et sa marraine avait été bien trop absente pour qu'elle se permette une telle familiarité.

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Theodora et Kitty

La jeune femme tâtonna pour allumer rapidement la télévision - laissant courir un bruit de fond dans tous l'appartement. Son arme de service était à quelques mètres de là, le premier intru qui entrerait subirait l'implacabilité de la policière. Elle prit une gorgée de soda à son tour avant de regarder sa nièce qui lui posa une question à laquelle elle ne savait pas réellement répondre :

"Oh, et bien... Je suppose que Tata serait un peu exagéré. Théo ça me va, si tu veux bien."

Elles renouaient des liens qui avaient été coupés depuis longtemps. Et étrangement la brune se retrouvait beaucoup en la jeune fille assise à ses côtés. Elle aussi avait été bonne élève - turbulente certes, mais douée. Et ce rejet de la mafia, de cette famille avec laquelle elle avait coupé les ponts, non sans mal. Pourtant, elle les aimait. A sa façon. Pas d'un amour franc qu'il était facile de dévoiler à chaque instant. Elle favorisait les services, les maigres gestes d'affection. Quitte à être une grande solitaire. Elle sirotait son verre.

"Tu pourras prendre ma chambre. Je dormirai dans le fauteuil, pas loin de toi."

Il n'était pas question de la laisser seule dans une grande pièce, donnant sur une fenêtre avec un escalier de service. Un moyen de s'échapper en cas de problème - mais une bonne porte d'entrée pour les voleurs et brigands en tous genre.

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Theodora et Kitty

Tata, ça aurait été bien trop, en effet, surtout qu'elle n'appelait personne comme ça. Mais puisque Théodora était flic, elle voulait peut-être se distinguer de la pègre dont elle faisait malgré tout partie. Elle opina :

- Théo c'est bien.

Elle pinça les lèvres, les replongeant volontairement dans son verre alors qu'elle lui parlait de l'organisation de la nuit, mais avant de penser à dormir, elle avait bien autre chose en tête :

- T'aurais pas quelque chose à grignoter avec de me chanter ma berceuse aussi ?

L'ironie était évidante dans son ton et le semi-sourire qu'elle lui adressa, ce n'était pas un reproche, juste elle était à un âge où être traitée comme un bébé n'était pas toujours bien vu.